Comme une mise en archive par sensibilité personnelle, Marie Lou Duret nous présente ici 22 artistes colorés, historiques, actuels, racisé.es, anglais.es, américain.es, français.es, handicapé.es, à l’image d’une scène artistique diversifiée et aux pratiques aussi excitantes et variées que leurs noms de scène (j’apprécie le truculant Lewis Raclette). Les dessins sont réalisés numériquement, avec un travail d’aplats aux couleurs saturées et contrastantes, joyeux. Le travail de typographie transforme les noms de scène tantôt en néons, tantôt se faisant étandard ou bannière entourant ces royautés.
Dans le texte explicatif, Marie Lou Duret décrit son travail comme non-académique, mais il est en tout cas d’utilité publique. L’exposition se déroulant dans le cadre des journées du patrimoine (et du matrimoine, si l’on suit les affiches de la mairie de Bordeaux, même si on ne va pas faire d’hommage à l’icône lesbienne locale Rosa Bonheur…) du 18 et 19 septembre , le projet amène à réfléchir sur la mémoire de l’histoire LGBTI. On pense à la demande de création d’un centre d’archives LGBTI durant plus de vingt ans, qui a enfin abouti à la déclaration de sa création à Paris cette année. Oserait-on espérer que la transmission de la mémoire queer ne repose plus seulement sur des projets individuels, comme celui de Marie Lou Duret ? Faudra-t-il attendre vingt ans pour qu’un tel lieu soit concrétisé à Bordeaux ? Ce serait tout à fait bénéfique si la mairie, plus que des mots sur des affiches (comme leur regrettable, « artiste, un vrai métier ? » qui reste en travers de la gorge) entame un véritable programme culturel féministe et LGBTI, par exemple. Mais revenons à l’exposition…